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10 octobre 2016 1 10 /10 /octobre /2016 12:56
Interview avec Joel Henry Little

Joel Henry Little est un (très jeune) compositeur newyorkais de 18 ans qui a déjà 3 albums et un EP derrière lui qu'il a quasi intégralement composés, enregistrés, mixés et masterisés. Voilà une description très factuelle de son œuvre mais qui ne prépare pas à l'écoute de son dernier album, le très ambitieux « Great Kills Friendship Club » et notamment du merveilleux « Isha », un morceau épique de 9 minutes comme on n'en fait plus.

La musique de Joel Henry Little est assez difficile à décrire : dans son ADN, il y a de la pop, de la folk, du jazz, de la musique progressive, du classique, du cabaret, de la musique de film... Pour découvrir la génèse de cette œuvre hors norme, j'ai posé quelques questions à son auteur.

Joel, je vais d'abord aborder la question de ton âge. A l'écoute de « Great Kills Friendship Club », c'est ta maturité musicale qui saute aux oreilles comme si tu avais déjà réussi à maîtriser et à amalgamer un grand nombre d'influences disparates et c'était déjà sensible dans tes premiers essais musicaux de 2014. Peux-tu nous dire d'où te vient ce bagage et comment l'as tu développé à un si jeune âge ?

Je le dois à l'environnement musical que ma mère et mon père ont apporté à ma sœur et moi en grandissant. Ils oeuvrent tous les deux dans le domaine artistique (ma mère est professeur de musique et ancienne violiste de l'Essex String Quartet et mon père est un acteur du théâtre régional) et donc il y avait un attente dès mon plus âge que je m'essaie au moins à ces disciplines, ce qui revenait à participer au spectacle annuel local de théâtre pour enfants et de façon assez fondamentale d'apprendre au moins un instrument. J'ai d'abord étudié le piano en commençant les leçons à l'âge de 6 ans même si j'ai aussi débuté la batterie peu après. Je pense que la dichotomie entre les deux instruments m'a apporté une façon unique de les aborder (soit une approche percussive du piano et mélodique de la batterie) qui continue d'influencer mes compositions jusqu'à aujourd'hui. Au-delà d'avoir été poussé à étudier la musique à un jeune âge, nous chantions aussi par-dessus la musique diffusée dans la voiture pour nous amuser (de la comédie musicale, de la musique folk, du classique, etc...) ce que je considère rétrospectivement comme une expérience formatrice pour mes goûts musicaux et mon amour du chant. Donc avec ces fondations solides, ça a été un évolution assez naturelle pour moi de commencer à expérimenter avec tout un tas de musiques différentes à l'adolescence et d'essayer de trouver ce qui me faisait vibrer ce qui a finalement abouti à la création de mes propres compositions. Par ailleurs, je pense qu'il est important de noter que même si mon son paraît développé, mes goûts changent continuellement. Un mélange de curiosité et de confiance en soi est, je pense, la marque d'une vraie maturité créative et par conséquent c'est ce à quoi j'aspire tout le temps pour chaque chanson que j'écris.

Ta musique vient indéniablement du passé entremêlant de nombreux styles populaires du 20ème siècle. J'y entends aussi bien des échos des grands compositeurs que ce soit Jimmy Webb (la construction de « Isha ») ou Harry Nilsson (notamment sur le très beau « By the Bye ») en passant par Stephen Sondheim, soit la pop mais passée par la moulinette du jazz, de la musique progressive, du cabaret et de la comédie musicale. Est-ce que ce sont des artistes et des genres qui te tiennent à cœur ?

Ils signifient énormément pour moi ! Je pense avoir acquis par mon expérience du jeu d'acteur une compréhension très théâtrale de la fonction de l'art et Webb, Nilsson et particulièrement Sondheim (dont le livre « Finishing the Hat » se trouve justement à côté de mon ordinateur au moment où j'écris ces lignes) représentent absolument tout cela dans le contexte de la musique populaire. L'idée la plus évidente que je retire de leur travail et les styles dans lesquels ils ont oeuvré est que le bon art est une représentation de la bataille éternelle entre le cœur et l'esprit de son créateur, comme c'est le cas dans le criminellement sous-estimé « MacArthur Park » de Webb ou « Good Old Desk » de Nilsson ou vraiment tout ce qu' a fait Sondheilm mais ce qui a peut-être été le plus influent reste sa partition de « A Little Night Music ». Je suis aussi très attiré par la capacité qu'a Nilsson de donner l'impression que la partie instrumentale et la voix sont faits de la même étoffe, comme si chaque nuance de la voix reflétait l'arrangement et inversement. Cette idée était très importante pour moi dans la création de « Great Kills Friendship Club » et je pense qu'on en trouve aussi de parfaits exemples dans les œuvres de Van Dyke Parks et Serge Gainsbourg.

Tu enregistres tout tout seul ce qui est un autre point fascinant rappelant quelques glorieux aînés comme McCartney, Stevie Wonder ou Emitt Rhodes. Est-ce que ça vient d'une envie de tout maîtriser de A à Z ou bien d'une difficulté à trouver des musiciens capables de comprendre ta vision si particulière de la musique ? Raconte-nous un peu ton processus d'enregistrement.

L'explication simple à cela est que c'est une habitude liée à un mélange entre les côtés pratiques et philosophiques de mon cerveau. J'ai tendance à travailler tard dans la nuit soit pour écrire des paroles ou pour enregistrer/composer/expérimenter sur mon ordinateur et des idées me viennent sporadiquement et par bribes pendant la journée qui sont fréquemment contredites par d'autres qui les modifient inévitablement dans le processus. Donc d'un point de vue pratique ça a plus de sens pour moi de construire des chansons telles qu'elles se développent et de travailler des heures dessus pendant lesquelles j'ai besoin d'être seul plutôt que de faire des démos complètes et d'imposer des règles très strictes à des collaborateurs pour avoir le son que je recherche, souvent pour des résultats très mitigés (je sais d'expérience que ce n'est pas une façon très amusante de faire de la musique) ou de faire intervenir des collaborateurs dans tout le processus créatif, ce qui pour le moment en tout cas n'est pas une option viable. D'un autre côté, philosophiquement, je pense que c'est le rôle de l'artiste de donner la forme la plus honnête, le vision la plus transparente de soi dans tout son art et pour moi, ça signifie avoir un contrôle total sur chaque aspect de la production. Ma théorie est que chaque idée vient de mon cerveau et donc à un niveau subliminal peu importe le discours ou les influences visibles, ce sera une réflexion de qui je suis et de mon expérience personnelle.

Comme dit plus haut, difficile d'entendre une influence moderne dans ta musique. Est-ce que pour autant la musique du 21ème siècle joue un rôle d'une façon ou d'une autre dans ton inspiration ? Il n'y a guère que Joanna Newsom dont l'approche me semble dans cette lignée.

Je ne dirais pas nécessairement que la musique du 21ème siècle ne joue pas de rôle dans ma musique. C'est juste que d'un point de vue sonique et esthétique, je suis plus intéressé par une période plus ancienne. Juste parce que je n'utilise pas beaucoup de techniques de production ou d'écriture modernes ne signifie pas que mon état d'esprit lorsque je les écrit ou le sens des chansons n'est pas un produit de la culture moderne. Sans vouloir me comparer à Joanna Newsom – que je considère d'ailleurs comme le plus grand songwriter américain actuel – je pense que j'ai une façon similaire d'adopter des méthodes de composition anciennes pour aborder des thèmes de la vie moderne aux Etats-Unis.

Vu la complexité de tes chansons et de tes arrangements, j'imagine qu'il doit être compliqué de les jouer sur scène (il y a plus d'une dizaine d'instruments différents sur l'album). T'arrive-t-il cependant de te produire en concert ?

Malheureusement, dans un futur immédiat, je n'ai pas de projets de jouer ce nouvel album en concert. Cela vient d'abord d'un manque d'intérêt du public et d'une question d'argent mais j'espère qu'avec un peu d'exposition avec des interviews comme celle-ci et des diffusions radio, assez de gens auront envie d'écouter ces chansons en concert ce qui justifierait de créer un groupe capable d'interpréter ces chansons complexes. D'ici là, je vais continuer à créer une musique dont je suis fier et essayer de faire que le plus grand nombre puisse l'entendre sans sacrifier la qualité de mon travail.

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24 septembre 2016 6 24 /09 /septembre /2016 15:01

Hebergeur d'image 

La découverte de la musique du Californien Eric McEntee s'est d'abord faite sur un malentendu au détour d'une page Bandcamp sous le nom de groupe Hand. On y trouvait 2 Eps qui évoquaient tout sauf la musique des années 2010, soit un folk enrubanné de cordes luxuriantes chanté par une voix venue directement des années 60. Les informations étaient alors chiches pour savoir qui était ce mystérieux chanteur qui noyait encore plus le poisson en indiquant une date de sortie au début des années 70.

Pour éclaircir cette histoire, je l'ai contacté début 2015 et contrairement aux apparences, derrière le pseudonyme Hand se cachait bien un songwriter d'aujourd'hui mais tellement abreuvé à toute l'histoire de la musique américaine qu'il en a fait son terrain de jeu.

Il a depuis séjourné quelques mois à Paris et j'ai pu apprendre à apprécier toute l'étendue des talents de ce songwriter capable à tout moment de reprendre les plus grands de la musique folk et country (des plus célèbrés aux plus obscurs) et d'y insérer ses propres compositions sans qu'elles y paraissent le moins du monde déplacées.

 

Eric, je t'ai vu jouer presque tout ce qui existe dans la tradition folk/country/blues américaine de Tim Hardin à Gram Parsons, de Hank Williams à Buffalo Springfield et tu as aussi enregistré 2 chansons très obscures de cette période pour ton premier EP. Peux-tu nous parler de ton éducation musicale et de la façon dont quelqu'un de ta génération est devenu aussi fasciné par cet héritage musical ?

 

C'est l'histoire d'une obsession vraiment... Comme c'est souvent le cas en musique, une chose en amène une autre. Si je dois commencer par mon éducation musicale, deux choses m'accompagnent encore aujourd'hui : j'ai grandi entouré de musique soul, mon père passait régulièrement Tower of Power (le groupe est lui-même proche de ma famille) et j'ai été exposé à la musique live en général car mon père travaillait dans ce monde-là (il a été conducteur de cars pour des groupes ou artistes comme Pink Floyd, Neil Diamond, Aerosmith pendant toute sa vie). Et puis il y avait une radio oldies K-EARTH 101 qu'écoutait la mère de mon meilleur ami et qui a été ma première exposition aux sons classiques du doo wop, des girl groups, du rhythm & blues et de la pop music des années 60, The Drifters, Motown, ces choses-là. Au collège, j'écoutais en fait du hip hop quand la plupart des ados en Californie écoutaient Nirvana et ma propre exploration musicale a plutôt commencé en sortant du collège. Les songwriters sont devenu mon obsession une fois que j'y ai été exposé... Lou Barlow a probablement été le premier qu'un ami m'a fait écouter, l'archétype de quelqu'un dont la musique est guidée par ses capacités d'écriture avec de magnifiques chansons simples jouées en solo, juste une guitare et une voix. A partir de là, j'étais sur mon chemin en découvrant différentes approches de la guitare que j'apprenais également à l'époque : fingerpicking, flatpicking et en explorant les chansons et les artistes connectés d'une façon ou d'une autre à la musique folk américaine : country, bluegrass, country blues, les chansons qui circulaient autour de la scène de Greenwich Village dans les années 60. J'étais également très intéressé par la musique folk anglaise. Etre exposé à ces choses, collecter des chansons à reprendre dans la rue m'a amené à trouver ce que je pense être la distillation la plus précise du son que je cherchais et qui regroupait toutes mes obsessions, une sorte de croisement entre le folk et la soul music avec quelques tonalités jazz, ce qui est une idée très inspirante pour moi. Cela semble aussi bien correspondre à mes origines californiennes puisque c'est au fond un son californien : Bob Lind, Rodriguez, le jazz West Coast, Shuggie Otis, certains albums de Van Morrison, le « John Wesley Harding » de Bob Dylan possède ça aussi, définitivement Buffalo Springfield, The Byrds, Bill Withers, John Stewart, Cat Stevens a un peu de « blue eyed soul » aussi et tant d'autres, l'esprit des premiers Bee Gees, même des gens comme Lucio Battisti mais je suis toujours plus intéressé d'explorer des albums avec ce son californien et il y a toujours quelqu'un à l'horizon pour l'avoir, quelque part indéfinissable mais toujours présent...

Tu as des arrangements de cordes incroyables sur tes 2 Eps qui sonnent comme absolument rien de ce qu'on peut entendre aujourd'hui. Je pense aux arrangements de Wally Stott pour Scott Walker (surtout dans la texture). Comment as-tu réussi à avoir ce son et est-ce que c'est ce type de son que tu avais en tête ?

 

Tout d'abord, je dois dire que c'est un maître et je ne pense pas qu'on puisse comparer les arrangements simples de mes chansons avec les arrangements amples et luxuriants qu'elle a composé, mais ce serait un rêve de travailler avec quelqu'un comme ça. Je pense que plus j'explore les arrangements pour ma propre musique et plus l'influence de Scott Walker grandit de même que le son de la musique du « French Cabaret » en général. Je peux imaginer faire des albums dans cette optique et je compose définitivement dans cet esprit-là. Quand je voyage sur de longues distances, j'écoute les 4 premiers Scott Walker. Quand j'ai commencé à écrire, c'était un rêve d'essayer d'intégrer des cordes dans mes propres chansons, un modèle donné par tant d'artistes des années 60 et 70 : The Beatles, The Zombies et particulièrement Harry Nilsson, Phil Ochs et Tim Hardin. Avant même que je ne puisse écrire des chansons, j'intégrais ce style de production. Cela a pu se faire dans mes premiers enregistrements parce que j'ai trouvé un violoniste à Los Angeles, Chris Swanson qui a une oreille incroyable et dont l'aide a vraiment été indispensable. Toutes les cordes sur mes chansons sont en fait Chris qui overdubbe les différentes parties et tout ça enregistré dans un appartement. J'espère pouvoir toujours travailler avec lui.

 

Aujourd'hui on n'entend plus si souvent le type de songwriting qui était la norme pendant la plus grande partie du 20ème siècle mais tu y reste toujours attaché. Ta voix semble même venir d'une ère oubliée. Peux-tu m'en dire plus sur ton processus d'écriture et comment tu réussis à avoir cette fraîcheur quand cette forme est âgée d'une centaine d'années ?

 

Je ne pense pas que cette forme ait disparu. Comme le dit Bob Dylan « l'évolution est un serpent qui se mord la queue ». Ma conception de l'écriture est ancrée dans la tradition telle que je la vois et mes « approximations » de cette tradition combinée à ma personnalité amènent des variations. L'écriture est un tel chemin intérieur, c'est également dans ma personnalité d'être patient par rapport aux sons que je produis et ces sons sont aussi un produit de ce que j'écoute.

Pour ce qui est de la fraîcheur, être contemporain n'est pas une de mes préoccupations qui est avant tout d'écrire des chansons honnêtes. Trouver ma propre voix (au sens premier du terme) est une des choses les plus difficiles par laquelle j'ai eu à passer et c'est toujours en cours puisque la voix est un instrument qui évolue en permanence. Quand j'étais plus jeune je demandais souvent à des chanteurs comment ils avaient trouvé leur voix. J'ai trouvé la mienne en écoutant et en chantant tous ces classiques oldies à la radio, The Drifters, The Temptations, Sam Cooke, Marvin Gaye... Il y a un élément de performance dans le chant qui affecte le son. Par exemple, la musique soul, le bluegrass, le country blues seraient tous chantés un peu différemment par la même personne... Maintenant les voix sont vraiment importantes pour moi. Une chanson prend son sens quand la voix y trouve sa place.

 

Tu habites près de Los Angeles. Même si ton style de musique est d'une certaine façon né il y a 50 ans en Californie, comment vois-tu ta place dans la scène locale actuelle ? Et quels groupes ou musiciens contemporains suis-tu ?

 

Je n'ai jamais trouvé en Californie de scène qui convienne exactement à ce que je fais. Le plus proche que je me suis senti d'une communauté c'est probablement lors de mon dernier voyage à Paris, à faire des concerts, tourner en Normandie, jouer au hasard des rues dans Paris avec mon ami Ross Vorhees et quelques autres musiciens que j'y ai rencontré comme Harley Young ou Olivier Rocabois (All If). Je ne me suis jamais senti aussi bien de jouer ma propre musique qu'en France. J'ai vraiment le sentiment d'y être écouté. En Californie, je n'ai jamais vraiment trouvé d'endroit propice à ça... De plus , je pense que pour faire partie d'une communauté tu dois entrer dans un certain processus, faire de la musique ensemble, progresser ensemble. Je n'ai jamais vraiment trouvé ça à Los Angeles avec d'autres groupes ou d'autres songwriters. Peut-être parce que le songwriting étant quelque chose de très insulaire, d'autocentré même, c'est quelque chose qu'on a l'habitude de pratiquer seul... c'est une autre raison qui fait que j'aime tous ces disques de songwriters qu'on n'a jamais entendu en leur temps parce que c'est souvent l'histoire de quelqu'un qui a fait son truc sans se soucier de ce qui se passait autour de lui. Mais pour moi, d'autres personnes sont venues pendant de brèves périodes avec lesquels j'ai eu une connexion à Orange County et Los Angeles, particulièrement à Sunset Beach... Pendant les dernières années, j'ai joué dans pas mal de bars peu importe où je me trouvais aux Etats-Unis, ce qui est très différent de jouer dans des clubs rock à LA. Ce n'est pas une scène et je joue souvent avec et devant des gens qui ont deux fois mon âge, pas vraiment le quotidien des jeunes groupes d'indie rock dont on entend parler en ville mais ce sont des gens qui ont fait de la musique toute leur vie et ces concerts ont vraiment été très formateurs pour moi. Ces musiciens plus âgés avec lesquels je joue, ils connaissent déjà tout ce à quoi je peux faire référence et ça a été une révélation d'entendre des chansons de mon pré carré de Tim Hardin et Ron Davies ; des choses que je cherchais à entendre de New York à Los Angeles ! Je suis reconnaissant d'avoir le soutien de musiciens aussi talentueux, ces gens m'apprennent à voir la musique comme un mode de vie.

Pour ce qui est des groupes ou musiciens contemporains qui pourraient être une inspiration, comme je l'ai dit je me sens assez déconnecté de ce qui se passe autour de moi, à part le simple esprit de créer et de s'exprimer que nous partageons tous. Je suis méfiant de toute la hype qu'on attache à la plupart de la musique qu'on entend aujourd'hui, on entend rarement de la musique en dehors de ce contexte à part en live ou grâce à des conseils amicaux. Donc mes amis qui font de la musique sont toujours une inspiration. En ce moment, Olivier Rocabois est quelqu'un que je trouve très talentueux et Ross Vorhees écrit quelques unes des plus belles chansons que je connaisse. Par ailleurs les songwriters contemporains que j'admire le plus dernièrement s'avèrent tous être des femmes. Ce n'est pas une surprise, tous mes artistes préférés sont des femmes. Joanna Newsom est quelqu'un que je soutiens sans réserve, elle est très lyrique et consciente de sa place en tant que songwriter et artiste et elle va toujours plus loin avec son instrument et dans son expression musicale. Jessie Baylin avec sa voix qui rappelle Brenda Lee et ses évidentes qualités d'écriture en est une autre. Nos sons sont très différents. Il y a en ce moment beaucoup d'artistes qui créent une musique avec une compréhension très aigue des sons et des techniques classiques ou qui sont inspirés par de célèbres songwriters contemporains comme Devendra Banhart et Ariel Pink, artistes que je n'écoute pas vraiment mais qui ont permis de faire découvrir d'autres artistes. J'ai discuté avec Ariel Pink qui vit à LA et je me rappelle qu'il disait que la meilleure chose qu'il avait faite, c'était de faire découvrir R. Stevie Moore. A une autre occasion, je me rappelle avoir lu quelque chose qu'il a dit que j'ai pris très à cœur : « je ne veux pas finir comme quelqu'un qui serait dans sa propre collection de disques ». Drôle et vrai.

 

Je t'ai vu reprendre « Les Feuilles Mortes » quand tu étais en France et tu sembles être un vrai francophile (en musique comme en cinéma), d'où te vient cette francophilie ?

 

Je suis venu pour la première fois en France vers 2006 avec mon collège. C'est à partir de ce moment-là que cette obsession est apparue... Etrangement, « Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain » en a été la raison pour une grosse part. J'avais l'habitude de le regarder avant d'aller me coucher pendant pas mal d'années ou simplement de l'écouter. Je dis étrangement parce que je connais sa réputation en France pour être un portrait presque importé, rempli de clichés de l'esprit et de la beauté de Paris mais c'était un gros film qui m'a exposé à la ville à cette époque et la musique de Yann Tiersen est si belle. En fait, ce n'était pas vraiment le premier film français que je voyais mais il m'a influencé. Ma première exposition s'est faite par la Nouvelle Vague en louant 3 ou 4 VHS : « Le Bonheur » d'Agnès Varda, « Les Rendez-Vous d'Anna » de Chantal Ackerman et « Le Genou de Claire » d'Eric Rohmer, ces deux derniers comptent toujours beaucoup pour moi. Ils ont donc été la base et puis après avoir visité la France et y avoir forgé ma propre expérience, j'ai développé l'idée d'un film, comme j'étudiais le cinéma au collège. Donc pendant les 7 dernières années j'ai fait des pélerinages en France et j'y ai vécu pendant de brèves périodes. J'ai tourné un film qui se passe principalement à Paris, joué dans la rue, fait des concerts.

Musicalement, l'Europe a un toujours été un refuge pour les artistes américains de tout style et ça s'est révélé être aussi le cas pour moi. Ma plus grosse influence musicale française est Serge Gainsbourg dont les arrangements n'ont jamais été dépassés, notamment ceux de « Histoire de Melody Nelson » par Jean-Claude Vannier. Je me rappelle avoir acheté le CD lors de mon premier voyage parisien. Je l'avais dans la main en me demandant « est-ce que c'est bon ? » et le vendeur m'a immédiatement répondu « c'est la meilleure chose jamais enregistrée en France ». Pas besoin de dire que je pense qu'il a raison et c'est une grosse influence depuis. Il y en a tant d'autres, bien sûr Françoise Hardy, les bandes originales de Delerue, Michel Legrand, les œuvres de Satie et Ravel. Et je n'ai pas mentionné l'inluence française en littérature, en philosophie et en peinture : Mallarmé, Flaubert, Huysmans, Rousseau, Nicolas Poussin, par dessus tout Manet – si je peux citer tout ça en tant que musicien sans paraître trop prétentieux. La France est simplement ma boussole dans ma conception de la vie en art et maintenant elle fait aussi partie de mon histoire, plus particulièrement depuis que j'y ai écrit les chansons « I'm Not Bothered By The Rain » et « Paris is a Sunday Town ».

Tu lances une campagne de crowdfunding avec Microcultures pour la sortie de ton premier album donc dis nous en un peu plus sur tes plans dans un futur proche.

 

Les gens derrière Microcultures ont été vraiment chaleureux et m'ont soutenu dès que tu m'as mis en contact avec eux après avoir découvert ma musique sur Bandcamp. Donc mes plans dans le futur tournent autour de la finalisation de l'album sur lequel je travaille et qui sera représentatif de mon cheminement musical depuis 7 ans. J'ai des gens incroyables autour de moi en commençant par Rob Schnapf qui va le produire, Rob a travaillé avec Beck et est probablement plus connu pour avoir travaillé avec Elliott Smith et plus récemment Cass McCombs. C'est définitivement quelqu'un avec qui je me sens en confiance à la tête d'un album de songwriter et j'ai l'intention pour cet album de continuer dans la veine que j'ai creusé pour les chansons précédentes mais avec davantage un esprit d'équipe. Je vais aussi avoir quelques-uns de mes musiciens préférés pour travailler avec moi. Je vais définitivement enregistrer d'autres cordes. Je me suis engagé à donner vie à ces chansons spécifiques que ce soit en studio ou en concert bien que j'en ai écrit bien d'autres. Je suis toujours en train d'écrire. En plus de tout ce que la musique m'apporte j'ai appris que les chansons ont d'une certaine façon des facilitateurs de vie et si vous avez suffisamment foi en elles et la volonté de les finir, elles vous apportent des expériences telles celles que j'ai eu en Europe.

Une fois l'album sorti, j'ai l'intention de tourner d'abord en Europe puis plus tard aux Etats-Unis. D'une certaine façon, je pense que l'Europe est la première étape de cette album et la campagne Microcultures en quelque sorte son point de départ. Plus tard en 2017, j'aurai fini le film que j'ai mentionné plus haut qui s'appelle « Olympia ».

Son site: http://www.ericmcentee.com/

Pour contribuer à sa campagne de crowdfunding, c'est ici

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24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 08:30

Pour ceux qui l'aurait raté, le Volume 15 de Life is a Minestrone a eu les honneurs d'une chronique dans Libération.

Sortie aujourd'hui du Volume 16

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18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 13:59
Interview de John Cunningham

On n'a pas tout le temps l'opportunité de rencontrer ses héros. En ce qui me concerne, j'ai rencontré John Cunningham en 2003 quand il était venu faire la première partie de Smog au Café de la Danse. Depuis la sortie de Homeless House, il était devenu un de mes songwriters préférés et donc passer une soirée en sa compagnie fut un moment privilégié.

En 2010, grâce à MySpace, j'ai pu le contacter pour l'inviter à rejouer à Paris. A la même époque, Joe Pernice (des Pernice Brothers) rééditait ses deux derniers albums (Homeless House et Happy-Go-Unlucky) sur son propre label Ashmont Records.

Cette soirée mémorable a eu lieu à La Loge Théâtre en novembre 2010 (un petit compte-rendu ici). Il y joua alors quelques (beaux) morceaux d'un hypothétique futur nouvel album.

Nous sommes ensuite restés en contact et au printemps 2015, alors qu'il s'apprêtait enfin à terminer ce nouvel album, je lui ai proposé de rejoindre Microcultures inspiré par l'exemple récent du retour réussi de Peter Milton Walsh des Apartments (mon autre songwriter contemporain préféré - le monde est décidément bien fait).

A l'occasion de la sortie de Fell, magnifique 6ème album, je lui ai demandé de s'adonner assez librement au jeu du commentaire « track by track ».

Let Go of Those Dreams :

Après toutes ces années, je me suis demandé comment ce nouvel album allait sonner et étrangement je l'avais imaginé assez dépouillé. Il se trouve que c'est exactement le contraire et la chanson d'ouverture est un bon exemple de la densité des arrangements sur l'album. Etait-ce ton idée dès le départ ou bien est-ce que l'ensemble des chansons le demandait ?

Je me laisse parfois emporter et je trouve que les arrangements sont un part amusante du processus d'écriture. Je pense que pour ce disque j'ai laissé respirer chaque chanson, elles ont décidé dans quelle direction elles voulaient aller et je les ai suivies.

Often a Ghost :

Tu as souvent travaillé dans le passé avec des batteurs venant du jazz (en tout cas, c'est l'impression que j'ai) et sur « Often a Ghost » il y a de subtiles cassures rythmiques sur les couplets pour garder l'auditeur sur ses gardes. Au début, ça peut sembler intriguant et puis on finit par ne plus le remarquer. Est-ce que le choix du batteur est important lorsque tu prépares un album ?

Le choix du batteur est incroyablement important de même que le choix de chaque musicien qui joue sur un album. Pour moi, c'est lié à une sensiblité à la chanson. Je pense qu'en tant que songwriter on doit prendre une décision concernant la façon dont on veut approcher l'enregistrement. Si on connaît un musicien, qu'on sait et qu'on aime ce qu'il fait, c'est un bon point de départ pour une collaboration. Sur Homeless House, j'ai travaillé étroitement avec Paul Portinari pour l'enregistrement de la batterie. Je savais ce dont il était capable et je savais que ça conviendrait. Mais je savais aussi qu'il répondrait bien à des indications et à cette époque j'avais des idées très arrêtées sur la manière dont la batterie devait sonner. Je n'ai cependant pas toujours eu raison et j'aurais probablement pu lui laisser un peu plus de liberté dans le jeu. L'inverse était cependant vrai pour Shankly Gates où le batteur a peut-être eu trop de liberté ce qui lui a permis de dominer le son. Ça n'a pas été un problème pour cet album puisque j'y ai joué la batterie !

We Get So We Don't Know :

C'est la chanson la plus inhabituelle sur l'album (et probablement de toute ta discographie). Tu as déjà précédemment dépassé les 6-7 minutes (particulièrement sur « Shankly Gates ») mais tu cherchais surtout alors à générer une atmosphère. Cette fois, c'est un peu différent puisque c'est une chanson composite faite de parties très différentes : une introduction douce, une envolée sur le refrain puis un pont instrumental répétitif inattendu (on pense à Philip Glass) avant de revenir sur un refrain instrumental. Peux-tu me parler un peu de la genèse de ce morceau ?

Est-ce que l'emploi du mot « genesis » est délibéré ? (rires) Je ne suis pas sûr que je fasse une décision totalement consciente à propos de quoi que ce soit – particulièrement tout ce qui peut être créatif. Comme je l'ai dit, les chansons semblent avoir leur propre vie après un moment. Je savais que la chanson demandait quelque chose après le refrain car je ne voulais pas qu'elle se termine avec cette apothéose à la Jeff Lynne. J'avais cette idée répétitive qui traînait dans un coin de ma tête donc j'ai un peu improvisé pour voir où ça allait m'entraîner et une partie de cette première improvisation assez basique est restée sur l'enregistrement final. Je voulais que ce son organique étrange domine et noie les pianos répétitifs et nous emmène dans un endroit complètement différent avant éventuellement de nous ramener à quelque chose de plus familier.

Something About the Rain :

Une des choses qu'on remarque immédiatement, c'est cette basse « à la McCartney ». Parlons donc de cette influence des Beatles. Si on excepte ces lignes de basses et les arrangements orchestraux, j'ai toujours pensé que c'était une référence un peu trop facile (surtout que tu viens de Liverpool) et que ta musique avait de sources tellement plus diverses : The Beach Boys, Elvis Costello, Robert Wyatt, Nick Drake, Bowie, du jazz aussi j'imagine, etc... Quelques mots sur la musique (du passé à aujourd'hui) qui t'inspire ?

Tous ceux que tu as mentionné. J'ai grandi exposé à toutes sortes de musiques et j'étais ouvert à tout – même si en réécoutant certains aujourd'hui, je me demande bien pourquoi ! Je pense que j'étais ce genre de personne quand j'étais plus jeune et que je le suis toujours d'une certaine façon. Les différentes influences arrivent à divers moments de notre vie et résonnent différemment. Je ne sais pas du tout pourquoi la musique m'a choisi. J'écoutais « Hunky Dory » et j'en absorbais les moindres nuances – les arrangements, la composition, le style vocal, les paroles – tout. « Dark Side of The Moon » de Pink Floyd en était un autre. Je le connaissais tellement bien que je pouvais me le passer intégralement dans ma tête tout en jouant au foot. Je ne sais pas pourquoi j'avais cette attraction magnétique totale pour la musique mais j'ai eu beaucoup de chance d'avoir de l'excellente musique autour de moi à cette époque.

La musique devrait communiquer quelque chose qui a du sens. Si c'est une chanson, la mélodie et les paroles devraient fonctionner ensemble. C'est une forme d'art. Ça devrait nous laisser avec une impression. Des artistes comme Mehdi Zannad ou Pugwash sont des artistes qui m'inspirent toujours mais c'est si difficile d'entendre parler de grands musiciens et compositeurs au-dessus du bruit infernal qu'on trouve partout aujourd'hui. La musique est généralement si insipide et superficielle – comme beaucoup d'autres choses – film, art, politique. Où sont les personnalités ? Les choses que vous pouvez écouter et dont vous pouvez dire "oui, ça vaut Roxy Music, Neil Young, Paul Weller, Costello, Eno, Macca" ? Ce sont les gens ennuyeux qui ont pris les rênes de l'asile et ils nous imposent leur propre ennui !

I Can Fly :

C'est une de celles qui me rappelle le plus « Homeless House ». Elle se situe du côté le plus jazz de ta musique avec cette longue fin instrumentale et son duo de saxophones. Contrairement à tes chansons plus orchestrales qui semblent davantage écrites j'ai le sentiment que tu laisses plus de liberté aux musiciens sur ce genre de morceau. Suis-je dans le vrai ?

Et bien, je suis « les musiciens » donc je peux dire avec autorité qu'ils ont eu toute la liberté

For the Love of Money :

Il y a un petit côté psychédélique ici (ce qui un peu nouveau pour toi). Qu'en est-il de l'écriture de celle-ci ?

Il s'agit initialement de deux chansons distinctes qui, je pensais, fonctionneraient ensemble pour ce que je voulais communiquer – une longue tension et une longue libération. J'ai toujours aimé la pop psychédélique depuis que j'ai entendu Love, le Velvet et Pink Floyd. J'aime le son de guitare nerveux sur Revolver et je voulais donc quelque chose de similaire pour créer cette tension. La libération évoquait une tristesse que j'avais en tête à propos des ravages que le concept d'argent génère. L'argent a infiltré tous les aspects de notre vie. Les gens ont oublié comment vivre dans cette culture – moi inclus. On vit maintenant juste pour faire de l'argent et si on fait de l'argent on en veut encore plus. Nous faisons partie de la machine et la plupart d'entre nous n'en sommes même pas conscients. La majorité des gens ne s'adaptent pas à ce système artificiel et s'ils sont déprimés à cause de ça c'est bien parce qu'on va pouvoir leur donner des tonnes de médicaments dont ils n'ont pas besoin pour que l'industrie pharmaceutique fasse de l'argent.

Frozen in Time :

Une de mes préférées de l'album. J'aime particulièrement le refrain avec ces choeurs étonnants qui pourraient venir d'un album de T. Rex. Je sais que tu aimes David Bowie mais es-tu un fan de l'époque glam ou est-ce le fruit de mon imagination?

Oui absolument et c'était l'idée !

What Have You Done ? :

C'est vraiment ce qu'on pourrait appeler une petite symphonie vu qu'il y a tellement de parties différentes pour une chanson aussi courte. C'est le genre de structure élaborée qu'on ne voit plus trop de nos jours. Quel effet cela fait-il d'être un des derniers représentants de ce style de songwriting « classique » ?

Je ne sais pas si j'en suis un. J'ai toujours le sentiment qu'il me reste pas mal de chemin à faire avant de m'approcher des géants du songwriting que j'adore ! Mais si je le pouvais, j'aimerais en faire partie. Cette chanson est courte parce que parfois dire plus que ce qu'on a besoin de dire est superflu.

While they Talk of Life :

C'est la chanson qui me renvoie le plus à tes anciens albums comme « Shankly Gates » particulièrement la ligne de basse sur le refrain qui est un peu une marque de fabrique. Cela me donne l'opportunité d'aborder la question de la place de « Fell » dans ta discographie. J'ai le sentiment que c'est une successeur direct de « Happy Go-Unlucky » tout en incorporant l'esprit de « Homeless House » quelque part (et un peu de « Bringing in the Blue » également). Comment penses-tu que ton écriture a évolué depuis ton dernier album ?

Je pense qu'elle a évolué dans le sens où je progresse et que je suis probablement plus confiant dans ce que je veux exprimer - plus efficace aussi. D'une certaine façon, les auditeurs sont mieux placés que moi pour décider de cela. Quoi que je fasse, je ne le fais pas consciemment et donc c'est difficile pour moi de l'analyser. C'est toujours juste de la communication – une expression abstraite de ce que c'est d'observer la vie à travers ma propre interface. J'ai toujours essayé de le faire aussi honnêtement que possible sans penser à qui ça conviendrait et comment ça allait être reçu.

Flowers Will Grow on this Stony Ground :

C'est peut-être bien ma préférée. Avec un début qui rappelle « Everybody's Got to Learn Sometime », elle évolue ensuite vers quelque chose de complètement différent (quelque part entre Robert Wyatt et une bande originale de Jon Brion). En terme d'humeur, ça pourrait être une chanson de « Bringing in the Blue ». C'est une fin parfaite pour l'album. Comme ça t'a pris 14 ans pour sortir ce nouvel album, je me demandais quand ces chansons ont été écrites. Ecris-tu beaucoup (ce qui voudrait dire que beaucoup de chansons finissent à la poubelle parce que tu ne les estimes pas assez bonnes) ? Y a-t-il une chance que certaines d'entre elles refassent surface un jour ?

C'est bien que tu mentionnes ces gens parce que je les aime et qu'il y a quelque chose qui résonne en moi quand j'entends leur musique. Une espèce de tristesse – la condition humaine mêlée à une sorte d'émerveillement innocent d'être vivant.

Oui, j'écris beaucoup – pratiquement tous les jours si je peux. Des idées sont rejetées si elles ne conviennent pas ou si je pense qu'elles ne sont pas suffisamment bonnes. Certaines vont même jusqu'à être enregistrées avant que je décide qu'elles ne sont pas bonnes. Il y a tellement d'esquisses et de chansons à moitié terminées. Toutes les chansons de cet album sont des idées rejetées que j'ai fini par sauvegarder.

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9 juin 2016 4 09 /06 /juin /2016 16:50

La découverte de la musique de Hannah Read, c'est d'abord la rencontre avec une voix hors du commun au détour d'une page Bandcamp en janvier 2015. Depuis, elle est apparue 3 fois sur les compilations Life is a Minestrone (record à battre) et c'était une raison suffisante pour que je me décide à proposer une interview (la première sur le blog) à celle qui reste ma découverte vocale la plus forte de ces dernières années.

Pour respecter le ton de ses réponses, je vais (dans un premier temps) me contenter de la reproduire en version originale.

- Can you introduce us to your band Lomelda? How long has it been active and what was your musical journey that lead to its creation?

My formal music lessons include childhood piano lessons and middle school band (alto sax). My dad taught me Don McLean’s “American Pie” on guitar. My older brother refused to teach me the scales or formations he knew. Blessings for sure. So I learned my own patterns for the most part, from watching people or dialing up the web. When I liked the sound of something, I’d do the math and figure out what it was — or when I needed to tell someone else what I was doing so they could play along. That’s still pretty much how I do it.

I can’t remember the first show under the name Lomelda, but it was probably sometime around age 16, in 2009. I spent a few years playing a few silly shows and demoing extensively on GarageBand. Then in 2012 I started playing with the drummer and guitarist who made Forever with me — Zach Daniel (who still plays with me) on drums and Andrew Hulett (who still talks on the phone with me) on guitar. In 2015 we started playing a lot more, hooked up with Punctum Records (Austin, TX — they put out both Forever and 4E*), and put out our record. The most recent Lomelda-as-band formation added Andrew Stevens on bass and Ryan McGill on guitar. I like that Lomelda a lot.

The next record we will release, which we recently finished making, is just me and Zach. And my last few shows were solo shows. I guess I still don’t know what Lomelda is. Sometimes I feel like I am Lomelda. Sometimes I feel like Lomelda is out there somewhere, birthed by the cosmos, controlling me, alluding me, keeping me alive. That’s pretty dramatic though. Maybe one day I’ll know.

- I discovered your music through acoustic demos on Bandcamp under the moniker Thx. There’s something in that stripped version of your songs that reminds me of the blues of the origins (the one we can hear in the movie "Ghost World") and of vocal jazz. Are these influences that you take as your own?

For sure. At least, I think I can claim the attitude behind that kind of music, the candid, moody, ever-changing aspects. It’s the energy of Nina Simone, can’t play a song the same way twice, wouldn’t want to anyway. The act of making music is all forward motion. It’s time, timed. Most times, I get off stage and don’t quite know what I did, just the feeling of it. Grab that energy, write it to tape for playback and phew! that’s a whole nother trick. But whether ya get it back or not, it’s magic when something comes out of me and reaches all the way to you.

- There’s a naked emotion with a confessional tone in your music that we don’t see much these days but that was kind of common in american indie music from the 90s with people like Cat Power, Will Oldham or Mark Eitzel (from American Music Club). Do you relate to that period and do you feel a little off balance with indie music of today?

Sure, I love that stuff now. But I see lots of people making emotional, confessional music today also — just thinking about the few performances I saw at sxsw this year: Adam Torres, Frankie Cosmos, Cross Record, Porches, Mitski — they all fit that description. The folks I listen to, who I love, get the humor and sadness of life in there. Good fun bands play sad songs. Good sad bands wear silly shoes. Land of Talk is back. Mega Bog opened for Cate le Bon. I mean come on, so good. There are always gonna be folks trying to make a buck, trying to be too cool. Just skip em.

- The first Lomelda album Forever was released at the end of 2015 and very quickly you decided to do something quite unusual by recording in one single night in a theater a sometimes unrecognizable solo acoustic version of the same album. What was the idea behind this project? How do you envision those two sides of your music?

Maybe it’s commitment issues. Or can’t leave well-enough alone. I’m not sure, but I do this with most of my songs. Rearrange forever. Makes being in a band with me a little tough I expect. Sorry guys. Specifically though, 4E* came about because of two things. My buddy, guitarist, Andrew Hulett was about to move cross country, and I wanted us to do a final Waco project together. He engineered that recording (along with most of the Thx demos you referred to earlier). Secondly, I hate my vocal performance on Forever and wanted an extra try to help me like/connect to those songs again. When I listened back to what we got, I was pleasantly surprised to hear how the songs had changed from the originals in sound and meaning. The process and product taught me a lot about Lomelda.

- Lomelda was recently featured in a playlist by the band Mutual Benefit and begins to receive laudatory reviews. You also played in New York recently. How do you see the band’s short term future?

Well, I just finished making another record, so release and tour plans are in the works. Just need a little help from my friends to make this business stuff happen. But to be honest, my game plan hasn’t really changed. Keep at it, keep making music, keep making friends.

- You’re coming from the town of Waco, Texas. Can you tell us a little about the local scene and how your music is perceived there? Do you sometimes play solo acoustic gigs there?

You’ve caught me at a funny time for this question. I just spent a month living in NYC. And before that I lived in Austin, TX, for almost a year. Now I’m a couple days into working from my tiny hometown of Silsbee, TX deep in the piney woods. So I’m a few steps removed from my time in Waco. I figure Waco meant a lot more to me than I did to it. We probably had more friends than fans in Waco. Which is ok by me. Five years there got me Forever and a few life-long pals. I’ll take it. But right now I’m learning a new local and attempting to keep myself tied to the friends/supporters I’ve made along the way. Oh and yep, I play acoustic gigs sometimes, when I find a good setting.

- To end this interview I’d like to make a personal wish by hoping that one day Lomelda’s fame will allow you to cross the Atlantic and offer us a French tour.

Applying for a passport now. Hope to see ya soon!

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La page Bandcamp de Lomelda

La page Bandcamp de Thx

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 16:03
Bilan de l'année 2015

Allez, je me colle à un petit bilan musical de l'année en 9 albums et 9 chansons.

9 albums:

1. Joanna Newsom - Divers

2. Choir and Marching Band - So Duh Pup!

3. Dream Version - Beginners

4. The Apartments - No Song No Spell No Madrigal

5. Miley Cyrus - Miley Cyrus and Her Dead Petz

6. Harley Young & The Haymakers - Flinders Parade

7. Leapling - Vacant Page

8. Low - Ones and Sixes

9. Nick Austin - s/t

9 chansons:

Joanna Newsom - Time, as a Symptom

Mimsy Cable - The Coral Reef

Choir and Marching Band - They All lived

Dream Version - Jesse

BC Camplight - Love isn't Anybody's fault

Low - Gentle

Hand – I'm Not Bothered By The Rain

Leapling – Crooked

The Apartments – Looking For Another Town

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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 14:04

And now something completely different puisque j'ai été interviewé pour le blog brésilien Scream & Yell à propos de Life is a Minestrone.

L'interview est disponible ici (en portugais):

http://screamyell.com.br/site/2015/09/24/para-favoritar-life-is-a-minestrone/

Et je mets ici la version anglaise qui a servi de base à la traduction.

Franck, how did you come up with the idea of producing the compilations "Life is a Minestronee" and distributes them for free?

To make a long story short, my craving for unearthed musicians and bands began with MySpace in 2005 (I wrote something at the time for a french webzine called Popnews where I listed Fleet Foxes for example a few years before they went big – Robin Pecknold demos as The Pineapples – he was 19 at the time - were some of the most beautiful things I've heard in recent years but unfortunately they are kind of lost these days) and then I created my blog Life is a Minestrone a few years later to list my discoveries. But after MySpace became useless the blog almost came to a halt.

The idea of reviving it through the use of Bandcamp came from the compilations made by the french label/site La Souterraine. They also release free compilations containing mostly obscure french artists and it has become quite a big deal among critics in France (with a few mentions internationally too).

So I thought it could be interesting to do the same but without any kind of frontiers in mind.

Let's just search very thoroughly on Bandcamp and find the best pop music possible that's out there (I mean pop in the broadest sense of the term – folk, indie, lofi, psychedelic, etc...)

You have already released eight editions. How do you select the artists for each edition? And how is the public responding to it?

To find music, I browse through more than 50 bands a day so I have to make a very quick and often merciless judgement but that's the only way you can really choose among so many bands and songs.

This leads me to 20 or 30 songs that really caught my attention during the month and after that comes the selection.

It's an important part of the process as I don't want the compilations to be seen as simple mixtapes but as real albums where the choice of tracks and the tracklisting is important.

So I contact the bands to get their authorization (it's almost always the case – they are usually very happy that someone took the time to find their quite hidden music) and I have to say it's the part that I love the most in all this.

I longed for the kind of relationship I could have with bands on MySpace so it's a real pleasure to be able to connect with bands again through these compilations.

That's how the first one came to exist and even if it was still a small affair in terms of audience at the time people responded quite well to it.

The second volume was given a little push as it was noticed by Les Inrockuptibles, a very influential music magazine in France and new volumes were released monthly after that leading to the 8th volume now.

In the end I guess these compilations reflect quite faithfully my musical tastes that goes from The Beach Boys to Stevie Wonder, Joni Mitchell to Television, Kate Bush to The Go-Betweens, Flying Nun bands to Divine Comedy. You can see that I don't have much to say about the new millenium so I guess what I'm trying to do with these is to find my own source of musical pleasure hoping that it will please other people too.

You have begun to organize concerts this summer under the banner of Life is a Minestrone. Can you tell me more about that ?

Well, it's really something I didn't plan. Most of the musicians who are on my compilations are so far away from Europe (they mostly come from the United States, Australia and Canada) that I didn't think I'd have the chance to meet any of them so quickly.

It happened that Eric McEntee (alias Hand whose song « I'm Not Bothered by the Rain » is on the third volume) came in Paris for 3 months so I had the time to organize a few shows for him in France.

It has been a wonderful experience to meet him and to help him get a little exposure here and I think everyone who saw his shows is convinced that such a great songwriter should be so much more well known.

I also have the chance that Harley Young, a very talented young australian (« Margate GF » on the third volume too) is in France until the end of the year so a few shows have already been organized and there will be a few more while he's still here.

In his case, I also helped him reissue his great first album called « Flinders Parade » on a french label called Microcultures that I'm collaborating with.

The lastest event I've organized was an apartment concert with an incredible singer from New Zealand, Mimsy Cable and it gave us this first Life is a Minestrone concert video.

There are a few other projects of that nature in the vaults in the next few months and I'm really pleased that what was entirely virtual at the beginning (the compilations) is becoming more and more concrete (meeting musicians, helping them with touring and releasing their album in France whenever it is possible).

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11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 12:57

Pour les curieux, vous avez dû remarquer que le blog est en suspens depuis un certain temps.

Pour écouter des titres découverts sur Bandcamp ou savoir quand sortent les nouvelles compilations, mieux vaut aller sur la page Facebook de Life is a Minestrone.

Depuis cet été, Life is a Minestrone ce sont aussi des concerts et depuis aujourd'hui, des vidéos.

Voici donc un premier titre du concert en appartement de la néo-zélandaise Mimsy Cable.

Enjoy!

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7 juin 2015 7 07 /06 /juin /2015 11:30
Harbor Towers - Nervous Breakdown EP

"If you like Deerhunter, Real Estate, Pearl Jam, Sonic Youth, maybe a little Paul Simon, then please go listen to those artists instead, they're much higher quality"

C'est ainsi que se présente Harbor Towers sur sa page Bandcamp et comme souvent ce sont les plus doués qui sont les plus insatisfaits parce qu'en l'état, cet EP est un de mes plus belles découvertes de cette année.

Entre longues plages arpégées atmosphériques et morceaux plus énervés, on pense aux groupes embrumés californiens des années 90 (Idaho, American Music Club, Red House Painters).

Difficile de choisir un morceau favori mais j'opterai pour "Camping Trip".

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16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 16:17

Le volume 5 est sorti!

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